Retraite : qui accompagne vraiment cette nouvelle étape de vie ?

26 août 2025

Pourquoi envisager un accompagnement lors du passage à la retraite ?

Selon une étude publiée par l’Observatoire Société et Consommation en 2021, 46 % des nouveaux retraité·es décrivent leur passage comme une épreuve difficile, notamment en raison de la perte de liens sociaux ou d’objectifs quotidiens clairs (Libération). Pourtant, moins de 1 actif sur 5 anticipe réellement cette transition en s’y préparant, selon la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV). L’accompagnement à la retraite se développe progressivement, répondant à la demande croissante d’une transition bien vécue. Il peut prendre différentes formes :

  • Information : ateliers sur les aspects pratiques (droits, calcul, démarches administratives).
  • Préparation psychologique : séminaires autour du sens, de l’identité, de la gestion du temps libéré.
  • Dynamique collective : groupes de parole, échanges de pratiques, communautés de nouveaux retraités.
  • Conseil personnalisé : accompagnement individuel par des experts ou des pairs.

Les acteurs publics à la manœuvre

Les Caisses de retraite et l’Assurance retraite

Impossible d’aborder la question sans citer les organismes de retraite eux-mêmes. La CNAV (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse) et ses caisses régionales proposent aux futurs retraité·es un accompagnement administratif, bien sûr, mais de plus en plus une aide à la gestion du “départ”. Depuis 2018, l’Assurance retraite propose les “Ateliers Prépavenir Retraite” : des séances collectives, gratuites, qui abordent autant les aspects pratiques (liquidation des droits, impact sur la fiscalité, démarches à anticiper) que les dimensions de projet de vie, de santé ou d’engagement solidaire. En 2022, près de 85 % des participant·es se sont déclarés “rassurés” ou “mieux préparés” à l’issue de ces ateliers. De nombreux services départementaux (CARSAT, MSA, RSI…) enrichissent cet accompagnement, notamment en zone rurale, avec des ateliers sur la prévention santé ou la vie associative.

Pôle emploi : des solutions pour passer le cap

Pour les personnes quittant une activité suite à un chômage ou une inaptitude, Pôle emploi propose une orientation spécifique et la possibilité de participer à des modules d’accompagnement “Préretraite” (rédaction du dossier, maintien du lien social, bilan de compétences transférables…). On estime à environ 20 000 le nombre de seniors ayant bénéficié de ce type d’accompagnement en 2023 (France Info).

La fonction publique : des initiatives pilotes

Les agents publics bénéficient d’actions ciblées, organisées par leurs employeurs : la Direction Générale de l’Administration et de la Fonction Publique (DGAFP) encourage depuis 2016 la mise en place de séminaires d’accompagnement, comprenant une réflexion sur la santé, la transmission, ou l’équilibre de vie. Dans certaines collectivités, ces dispositifs sont ouverts aussi aux conjoint·es.

Les associations : des réseaux solidaires au service de la transition

Le tissu associatif, parfois moins connu, propose souvent un accompagnement riche, axé sur la dimension collective, humaine, et le partage d’expériences. Voici quelques-unes des structures les plus actives.

  • Les Ateliers du 3e Acte : Inspirée du modèle canadien, cette association développe depuis 2015 un vaste programme d’ateliers pour apprivoiser ses nouveaux horizons. Au programme : jeux de rôles, co-développement, mais aussi échanges sur les tabous de la retraite. 1 500 personnes participent chaque année à leurs formations collectives.
  • La Fédération AGIR abcd : Spécialiste du bénévolat et du mentorat, AGIR abcd propose un coaching individualisé à la transition vers la retraite, axé sur la valorisation des compétences acquises en activité professionnelle. Cette démarche, totalement gratuite, favorise une intégration dans des projets d’utilité sociale.
  • France Bénévolat : Au-delà du simple engagement, France Bénévolat met en place, depuis 2022, des temps d’échanges spécifiques pour les jeunes retraité·es qui souhaitent “faire le pont” entre vie active et bénévolat.
  • L’Association Nationale des Retraités (ANR) : Présente sur tout le territoire, elle offre à la fois des groupes de partage, des conférences thématiques et même des cellules d’experts pour répondre aux nouveaux enjeux des “néo-retraité·es”.
  • Les Universités du Temps Libre (UTL) : Sur le plan intellectuel et culturel, le réseau UTL (plus de 600 structures partout en France) propose des cycles de conférences, ateliers, et stages destinés à soutenir la mise en projet de la retraite, avec ou sans virage académique.

Le secteur privé : coaching, bilans de vie et séminaires pour repartir du bon pied

Le développement du coaching de transition retraite traduit une autre attente : mieux préparer ce temps, individuellement, avec le soutien de professionnels aguerris. Le secteur privé propose aujourd’hui une offre plurielle.

  • Cabinets spécialisés : De nombreux cabinets RH proposent des dispositifs baptisés “accompagnement deuxième vie professionnelle”, en lien avec les employeurs ou à la demande des futurs retraité·es. Ils s’appuient sur des entretiens individuels, des outils d’auto-bilan, et des simulations de scénarios de vie. Certains font intervenir des psychologues du travail ou des coaches de vie certifiés. Le coût peut varier de 350 à 1 000 €, mais est parfois pris en charge par les entreprises.
  • Mutuelles et assureurs : Harmonie Mutuelle, Malakoff Humanis ou AG2R La Mondiale organisent régulièrement des ateliers “Préparer sa retraite” ou “Bien vivre sa retraite” ouverts à leurs adhérents. Les thématiques abordent santé, budget, activités sociales, et implication citoyenne.
  • Formations en ligne : De nouvelles plateformes comme “Ma Retraite Active” ou “Retraite et Projets” proposent des modules ludiques autour du changement de rythme, de l’épanouissement personnel et du lien intergénérationnel. Avec la pandémie de Covid-19, plus de 30 % des accompagnements à la retraite se sont transférés sur le numérique (source : Caisse de retraite complémentaire IRCANTEC).

La valeur des pairs : groupes d’entraide et communautés de nouveaux retraités

L’accompagnement ne passe pas toujours par les institutions ou les professionnels. Depuis quelques années, une nouvelle dynamique se met en place : celle de la communauté entre retraité·es.

  • Les Clubs Seniors municipaux se réinventent, en intégrant des ateliers dédiés à la transition, et non plus seulement des loisirs récurrents. Près de 20 % des villes de plus de 10 000 habitants ont désormais un “Club Retraite Active” (source : Ville & Banlieue).
  • Des groupes Facebook et forums spécialisés rassemblent des milliers de jeunes retraité·es désireux de partager bons plans, défis, réussites et difficultés. L’un des plus actifs, le forum “Jeunes Retraités Dynamiques”, compte plus de 18 000 membres en 2024.
  • Mise en place de réseaux de parrainage, par exemple dans les grandes villes, pour accompagner les tout nouveaux retraités repérés comme fragiles ou isolés (exemple : “Un Parrain, une Retraite” à Lyon).

Quelles démarches pour bénéficier d’un accompagnement ?

L’accès à ces dispositifs se veut simple : dans la majorité des cas, il suffit de s’adresser à sa caisse de retraite de référence, de s’inscrire via le site internet de l’organisme, ou de solliciter son comité d’entreprise, en fonction de sa situation.

  • Privilégier l’anticipation : idéalement, il est conseillé de commencer à se renseigner et tester des dispositifs entre 6 et 18 mois avant la date effective de départ.
  • Bénéficier d’un bilan retraite gratuit : la plupart des caisses proposent gratuitement un entretien individuel dit “bilan retraite”, d’environ 1h à 1h30, pour faire le point sur sa situation et ses projets.
  • Se rapprocher des antennes locales : les missions locales, CCAS et centres sociaux proposent, dans beaucoup de communes, des points info ou des permanences retraite. Utile si l’on préfère l’échange de proximité.

Des dispositifs adaptés aux nouveaux défis : diversité, santé et engagement

Les besoins évoluent : selon la DREES, un quart des retraité·es entament une nouvelle activité bénévole dans l’année suivant la liquidation de leurs droits (DREES). Au fil des ans, l’accompagnement s’est diversifié :

  • Dispositifs spécifiques pour les aidants : certains ateliers (exemple : “Retraite et proches dépendants”, proposés par la MSA) anticipent les situations où la retraite rime avec accompagnement d’un parent ou conjoint en perte d’autonomie.
  • Accompagnement à la retraite anticipée pour handicap ou maladie : des réseaux de pair-aidance comme celui de l’APF France Handicap soutiennent la transition des personnes fragilisées.
  • Prise en compte de la diversité : la Fédération des Centres Sociaux travaille sur la question des femmes retraitées, souvent plus isolées, ou de celle des immigrés âgés, pour sécuriser leur parcours.

Ressources complémentaires et contacts utiles

OrganismeDomaineContact / Lien
Assurance Retraite Ateliers préparation, entretien individuel www.lassuranceretraite.fr
AGIR abcd Bénévolat, coaching, ateliers www.agirabcd.org
France Bénévolat Engagement bénévole après la retraite www.francebenevolat.org
UTL (Universités du Temps Libre) Activités culturelles et intellectuelles www.futl.fr
Harmonie Mutuelle Prévention santé, accompagnement bien-être www.harmonie-mutuelle.fr

La retraite, terrain d’expérimentation : l’utilité nouvelle des compétences acquises

La diversité des acteurs et des formats montre qu’aucune trajectoire de retraité·e ne ressemble à une autre. La retraite, ce n’est pas “sortir du jeu ” : c’est changer de rôle. Les dispositifs présentés visent à soutenir cette mutation, à aider chaque personne à repérer sa valeur unique, à nourrir ambitions et curiosités. Au final, s’accompagner – et se laisser accompagner – dans le passage à la retraite, c’est aussi s’ouvrir des espaces où ce que l’on a à donner, à transmettre et à recevoir, prend tout son sens. Parce que le “temps de la jubilación”, c’est avant tout un temps de partage, de lien, et, osons le mot, de joie retrouvée.

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