L’activité : un prolongement sous de multiples formes
L’“activité” à la retraite n’a plus la même saveur que sur le marché du travail. Il s’agit moins de performance que de plaisir, moins de rentabilité que de transmission ou d’échange. Voici comment l’expérience du “faire” se réinvente :
Engagement bénévole : la force du collectif
La France compte plus de 13 millions de bénévoles d’après France Bénévolat (rapport 2023), dont près de la moitié ont plus de 60 ans. Pourquoi cet engouement ?
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L’utilité directe : accompagner des jeunes dans l’apprentissage du français, organiser la vie d’une association locale, tenir une permanence à la Croix-Rouge : ces actes sont modestes mais essentiels, et très valorisés par la société.
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Un espace de lien social : le bénévolat permet de s’inscrire dans des équipes intergénérationnelles, d’animer la vie d’un quartier, de développer de nouvelles relations.
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Une manière de transmettre ses compétences : les parcours professionnels nourrissent l’expertise des associations (gestion de projet, comptabilité, gestion RH…).
Exemple parlant : sur le réseau Entourage, plus de 35% des bénévoles “tuteurs” pour l’inclusion numérique sont des retraité·es. Ils découvrent de nouveaux usages, apprennent encore… en transmettant.
L’activité créative et culturelle
Les retraité·es sont aujourd’hui les premiers publics des médiathèques, ateliers artistiques et clubs de lecture, selon le Ministère de la Culture (dossier Statistiques 2022). Ce dynamisme ne relève pas seulement du “loisir” :
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Le sentiment de créer, donc d’exister, nourrit la reconnaissance de soi.
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Les expositions, spectacles et groupes amateurs facilitent le partage avec un public, petit ou grand.
Le sociologue Bertrand Bergier souligne que pour un tiers des retraité·es interrogé·es, partager une passion ou une production artistique avec d’autres ravive un authentique sentiment d’utilité (ouvrage collectif , 2019).
L’engagement familial et la “générosité invisible”
Une part massive de “l’utilité” reste souterraine… mais capitale pour la société. Le dernier rapport du Laboratoire Drees (Dec 2023) révèle que près de 60% des grands-parents français gardent régulièrement leurs petits-enfants. Ce n’est pas tout :
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Soutien à une personne âgée dépendante du voisinage (plus de 25% des 65-80 ans aident un·e proche, données INSEE 2022)
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Implication dans la gestion de la famille recomposée (aides administratives, médiation…)
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Transmission de l’histoire familiale et des repères aux générations plus jeunes
Ici, le sentiment d’utilité se double d’affection. Ce n’est pas toujours “être actif” dans le sens traditionnel, et pourtant cela joue un rôle irremplaçable.