Retraite : Trouver le juste équilibre entre envie d’agir et besoin de souffler

27 juin 2025

Un nouveau chapitre, à écrire selon ses propres codes

La retraite questionne. C’est un moment unique où tout devient possible : ralentir, savourer ses journées, ou bien s’investir dans de nouvelles aventures. Mais comment distinguer une réelle envie de s’engager dans une activité d’un besoin de prendre du recul ? Après des années de rythme imposé, il est parfois difficile de s’écouter sincèrement. Pourtant, le choix que vous poserez n’est pas anodin : il conditionne bien-être, santé et sentiment d’utilité.

Selon la Drees, 71% des retraité·es français·es expriment le désir de rester actifs, que ce soit à travers des loisirs, des associations ou des petits engagements. Dans le même temps, près d’un tiers ressent avant tout le besoin de "faire une pause" après la vie professionnelle. Comment alors faire le tri entre soif d’action et aspiration à la tranquillité ? Voici des pistes concrètes pour écouter vos réelles envies et (re)trouver votre place, à votre rythme.

Comprendre ses motivations profondes : action ou respiration ?

Prendre une décision éclairée commence par l’identification de ses véritables besoins. Ce n’est pas toujours facile, surtout lorsque l’entourage, la société ou même son passé professionnel projettent des attentes. Quelques questions simples à se poser :

  • Quand je pense à m’engager (bénévolat, activité, projet...), est-ce que je ressens de l’excitation, ou plutôt de la fatigue à l’avance ?
  • Ai-je envie de "faire profiter" mes compétences ou plutôt de me recentrer sur moi-même ?
  • Quelles activités me procurent de la joie et de l’énergie ? Quelles autres me tirent vers le bas ?

Un exercice simple et recommandé par de nombreux psychologues (voir Fondation de France) est de tenir un journal de bord sur une quinzaine de jours : notez chaque matin ce que vous aimeriez faire, puis chaque soir ce qui vous a réellement procuré satisfaction ou apaisement. Rapidement, des tendances émergent.

Les risques de l’hyperactivité… et de l’inaction

La retraite est parfois vécue comme un sas de décompression. Mais attention à la tentation de "remplir" toutes ses journées pour combler le vide ! Une enquête de la CNAV (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse) montre que les premiers mois suivant la retraite, l’agenda se remplit parfois frénétiquement… avant que l’on ressente fatigue, frustration, voire perte de sens. À l’inverse, un retrait brutal sans projet peut entraîner isolement ou perte d’estime de soi.

  • En 2022, seulement 17% des retraité·es interrogé·es par l’INSEE déclaraient ne souhaiter "rien faire du tout"
  • 68% affirmaient avoir le désir de "s’impliquer ponctuellement dans des activités de leur choix"
  • Le sentiment d’utilité sociale est associé à une meilleure santé psychique selon une étude de l’INSERM (2018)

L’important n’est pas tant d’enchaîner les activités, mais de veiller à leur cohérence avec ses propres besoins. S’engager à la retraite, oui, mais pas au détriment du plaisir ou de la santé !

Bénévolat, engagement, ou retraite paisible : démêler les fausses obligations

Aujourd’hui, la "retraite active" est valorisée partout. Plus de 13 millions de bénévoles en France, dont 35% de plus de 60 ans (France Bénévolat, 2023). Mais personne n’est obligé de donner du temps s’il n’en ressent pas l’envie ! Quelques marqueurs qui peuvent révéler une obligation sociale plutôt qu’un désir personnel :

  • Accepter une activité par peur de décevoir (proches, association, ancien·nes collègues…)
  • Une impression de "devoir rentabiliser" son temps libre, héritée de la vie professionnelle
  • Un sentiment de culpabilité à l’idée de "ne rien faire", alors que le repos est parfois le plus grand des luxes !

Nombreuses sont les personnes à découvrir, souvent avec soulagement, que le bonheur peut résider dans les petits plaisirs quotidiens (lecture, jardinage, balade, cours de musique, etc.), sans pression de "performance".

Comment tester ses envies sans se tromper ?

La clé pour trouver un juste équilibre : oser expérimenter... mais à son rythme ! Voici quelques pistes pour avancer sereinement :

  • Commencer petit : Plutôt que de s’engager dans un bénévolat lourd, pourquoi ne pas proposer un coup de main occasionnel ou s’essayer à une activité sur un mois ?
  • Alterner temps d’action et temps de pause : Rien n’interdit, selon les périodes, d’être disponible certains mois, et de décliner l’engagement à d’autres moments. La souplesse est précieuse !
  • Échanger : Discuter avec d’autres retraité·es, de tous horizons, peut aider à clarifier ses propres envies (clubs, associations locales, rencontres informelles...)
  • Ne pas hésiter à arrêter : Se rétracter n’est pas une faiblesse. Après tout, la retraite est un espace de liberté retrouvé !

De nombreux réseaux, comme France Bénévolat, proposent des “missions à la carte” pour tester différentes formes d’engagement avant de choisir.

Zoom sur les freins (et comment les lever)

Parfois, il existe un écart entre l’envie et le passage à l’acte. Quelques freins récurrents :

  • Peur de perdre du temps pour soi : Il est possible d’ajuster son investissement selon ses envies et de préserver des plages de liberté.
  • Incertitude sur ses compétences : Beaucoup d’associations et d’activités valorisent l’accompagnement, la transmission, l’écoute, toutes compétences développées au fil de la vie.
  • Crainte d’un engagement trop lourd : Optez pour des missions ponctuelles, ou définissez clairement vos disponibilités dès le départ.
  • Apprehension du regard des autres (famille, amis, anciens collègues) : La retraite est avant tout un espace personnel, vos choix vous appartiennent.

À ce titre, la Fondation des Petits Frères des Pauvres note qu’un engagement, même de quelques heures par mois, a un impact positif sur la confiance en soi et le sentiment d’utilité, tout en laissant le temps de souffler.

Outiller sa réflexion : quelques exercices pratiques

  1. La “roue du temps retrouvé” : Dessinez un cercle, découpez-le en secteurs selon vos activités prévues la semaine prochaine (repos, loisirs, sorties, engagements). Quelle part prend chaque volet ? Est-ce conforme à votre désir ?
  2. Lister ses “petites victoires” : Durant un mois, tenez la liste de ce qui vous a procuré un sentiment de satisfaction, même minime. Les moments où vous vous êtes senti utile, ou simplement reposé.
  3. L’entretien miroir : Se poser devant une feuille blanche et répondre à la question : “Qu’aimerais-tu transmettre ? Qu’aimerais-tu recevoir ?” Parfois, l’envie de s’engager ou de ralentir s’exprime simplement en prenant ce temps.

La créativité, une façon d’être engagé autrement

On sous-estime parfois la puissance des activités dites “personnelles” (artistiques, artisanales, sportives, etc.). La créativité et le temps pour soi sont aussi, selon l’OMS, des garants d’un vieillissement en bonne santé - pour le moral comme pour la cognition. Peindre, écrire, voyager, restaurer un meuble ou planter un jardin peuvent devenir des formes d’engagement, même si elles ne sont pas socialement “productives”. La contribution n’est pas toujours collective : elle peut aussi être tournée vers sa famille, ses proches, son environnement immédiat.

En 2021, un sondage CSA révélait que plus de 50% des nouveaux retraité·es avaient découvert une passion ou une activité “créative” dans les deux premières années suivant l’arrêt de leur travail salarié. Une richesse rarement célébrée, mais qui nourrit l’estime de soi.

Valoriser les acquis, mais s’autoriser à changer d’avis

L’accumulation d’expérience, la maturité, les savoir-être tissés au fil d’une vie professionnelle et personnelle sont de formidables leviers. La société a besoin du regard et de la disponibilité des retraité·es, pour ce qu’ils sont, mais surtout quand ils le souhaitent.

S’engager ou ralentir sont deux élans complémentaires. L’essentiel est de respecter son propre rythme, sans se laisser dicter la cadence. La retraite est le moment précieux où il est permis, enfin, de choisir, d’expérimenter, d’oser... ou de savourer le plaisir de ne rien devoir à personne.

Quel que soit le chemin retenu aujourd’hui, il pourra évoluer demain. La seule vraie règle ? Que chaque étape de ce temps retrouvé ait du sens pour vous !

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