Repartir du bon pied : explorer ses envies et besoins pour insuffler un nouvel élan à la retraite

18 juin 2025

Se préparer en amont : les questions à se poser AVANT le grand saut

Vouloir anticiper sa retraite n’est ni anxieux ni excessif — c’est souhaité ! Selon une étude Cnav/Ifop de 2023, 69% des Français de 55 ans et plus réfléchissent activement à leur mode de vie post-emploi. Un temps de préparation favorise une transition plus positive, réduit le sentiment de « vide » parfois ressenti (Ifop).

  • Qui suis-je, sans mon métier ? (quelles qualités, envies personnelles se cachaient derrière mon activité professionnelle ?)
  • Quels moments de ma vie m'ont le plus plu… et pour quelles raisons ?
  • Qu'ai-je reporté, ou mis entre parenthèses, au nom du travail ?
  • Mes relations sociales sont-elles majoritairement liées au milieu professionnel ?
  • Quelles peurs (l’ennui ? la perte de statut ?) agitent mes nuits qu’en j’y pense ?

Initier cette réflexion tôt, même en filigrane, permet de préparer l’après, éviter les regrets et mieux rebondir. Ce n’est donc pas une introspection purement théorique : il s’agit de semer des graines pour éviter de perdre le sens de l’action.

Faire la part des choses : envies profondes ou habitudes forgées ?

L’une des difficultés majeures au passage à la retraite réside dans la distinction entre désir authentique et réflexe conditionné. Après des décennies de rythme cadré, il est logique que l’on confonde besoin véritable et « habitude professionnelle » — comme celle de sur-remplir son agenda ou de rechercher la performance.

  • L’envie profonde s’exprime par enthousiasme, curiosité, énergie retrouvée, autant de signaux positifs.
  • L’habitude héritée procède souvent d’un automatisme : se lever tôt, s’imposer une organisation militaire ou vouloir « être utile » coûte que coûte, parce que la société l’attend.

Pour y voir plus clair, rien de tel qu’un carnet personnel ou quelques questions ciblées :

  1. Quelles activités me donnent le sourire, même quand personne ne regarde ?
  2. Si je n’avais aucune obligation morale, que ferais-je de mes journées ?
  3. Quels projets ou rêves d’enfance n'avaient rien à voir avec mon travail ?

Selon la Fondation de France, 56% des nouveaux retraités reconnaissent faire, par réflexe, « comme avant », avant de réussir à expérimenter autre chose (Fondation de France). Il n’est jamais trop tard pour se libérer de ces automatismes.

Besoins d’action, de rythme, d’utilité : rester actif, oui… mais comment ?

Beaucoup associent le passage à la retraite à la peur de « devenir inutile ». Or, la recherche d’utilité revêt mille et une formes : bénévolat, transmission, loisirs actifs, vie associative…

Mais faut-il continuer à s’investir à toute force ? D'après l’Insee, près de 48% des retraités français consacrent au moins 3 heures par semaine à une activité sociale ou associative, mais près d’un tiers privilégie explicitement la pause, voire l’oisiveté partielle (Insee, 2023).

Tester sa zone de confort permet d’ajuster le curseur entre action et retrait :

  • Avez-vous besoin de contacts sociaux réguliers pour vous sentir bien ?
  • Avez-vous du plaisir à transmettre, voire accompagner d’autres générations ?
  • L’idée de consacrer du temps à une passion (ancienne ou nouvelle) suscite-t-elle curiosité, ou fatigue ?
  • Reposez-vous assez ? Le besoin de régénération physique et mentale est-il dominant pour vous ?

S’accorder des périodes de test — en rejoignant une activité associative sur une courte durée, par exemple — aide à clarifier son véritable besoin d’action ou de retrait.

S’engager… ou ralentir ? Décrypter ce dont on a envie VRAIMENT

La vie active a tendance à valoriser la surabondance, le « faire » sans cesse. La retraite peut devenir, pour certains, l’occasion d’explorer enfin l’« être » : ralentir, approfondir, goûter le silence. Deux tendances s’observent selon le sociologue Serge Guérin : un tiers des nouveaux retraités désirent s’investir à fond, mais près de 60% souhaitent alterner engagement et temps pour soi.

Quelques outils pour y parvenir :

  • Le “journal de ressentis” : noter, chaque soir pendant quelques semaines, ce qui procure détente, excitation, lassitude.
  • L’expérimentation par petites touches : s’initier à une nouvelle pratique artistique, ou s’investir dans un club, pour voir ce que cela provoque : trop, pas assez, pile ce qu’il faut ?
  • La « pause assumée » : s’offrir du vide sans culpabilité, pour permettre à de nouvelles envies d’émerger.

L’important est d’accepter que le dosage idéal peut changer à différents moments. Rien n’est figé.

Trouver son rythme, choisir son degré d’occupation

L’après-carrière n’a de sens que s’il épouse un rythme qui convient à l’individu. Des études britanniques (ONS, 2022) montrent que ceux qui adaptent leur nouvelle vie à leurs propres rythmes (lever/coucher, activités physiques adaptées, etc.) voient leur satisfaction augmenter de 35%.

  • Le rythme "slow" : idéal pour qui recherche détente, promenades, contemplations, activités non programmées.
  • Le rythme "dynamique" : adapté à ceux qui ont soif de projets, voyages, bénévolat intensif, apprentissage intensif (langues, musique…)

Faire plusieurs essais, oser dire non puis oui, permet d’affiner ce qui vous recharge et ce qui vous épuise.

Prendre soin de ses besoins physiques et émotionnels

La santé — physique comme mentale — reste le pilier d’une nouvelle étape épanouie. Les données de l’OMS montrent qu’un senior actif augmente ses chances de vie en bonne santé de cinq ans en moyenne (OMS), mais cela ne signifie pas surchargé.

  • Entretenir une activité physique (marche, yoga, sport adapté) : pour la vitalité, mais aussi le moral.
  • Pratiquer des pauses régulières, du repos qualitatif, du « temps de rien » bénéfique pour la créativité.
  • Ne pas négliger le suivi médical :
  • Identifier ses signaux faibles, qu’il s’agisse de baisse de moral, d’isolement ou de stress. L’entrée dans la retraite peut fragiliser certains, surtout les premiers mois.
  • Se reconnecter à la nature, aux arts, à la méditation : autant d’activités scientifiquement reconnues pour agir sur le bien-être émotionnel des seniors.

Le besoin de reconnaissance : un point d’appui qui se transforme

La reconnaissance professionnelle (statut, compliments, “bon travail”) disparaît souvent brutalement à la retraite. Pourtant, le besoin d’être reconnu demeure, mais se métamorphose : recherche de regard positif de la famille, du voisinage, ou sentiment d’utilité plus localisé.

Une étude du Credoc de 2022 indique que 65% des nouveaux retraités ressentent un manque de « feed-back positif » au début, mais que plus de la moitié finissent par trouver ailleurs leur source de reconnaissance (bénévolat, petit-fils, activités artistiques…).

Notre recommandation : ne pas minimiser ce besoin. Il est humain de vouloir être vu, salué, encouragé. Partager, transmettre, ou simplement échanger des savoirs, sont autant de ressorts pour cultiver une nouvelle forme d’estime de soi et affirmer sa place dans la société, même détaché du monde de l'emploi traditionnel.

Passions anciennes ou découvertes inexplorées ?

Se consacrer à une passion cultivée de longue date peut être réjouissant. Mais la retraite relève aussi du champ des découvertes. Selon ProSenectute Suisse, un senior sur cinq choisit d’apprendre une pratique nouvelle dans ses premières années de retraite : instrument, langues, jardinage, technologies (ProSenectute).

Quelques pistes pour jongler entre continuité et nouveauté :

  • Élargir sa palette : si le dessin ou la randonnée vous passionnent, pourquoi ne pas explorer les expositions ou les clubs de marche inconnus ailleurs ?
  • Prendre part à des ateliers d’initiation courte, sans engagement sur la durée : découvrir la poterie, l’écologie urbaine, la photographie…
  • Oser la « première fois » même tardive : garder vivante la capacité de s’étonner, propulse le sentiment d’être bien vivant.

Selon France Bénévolat, 43% des bénévoles retraités s’investissaient déjà dans ce domaine avant la fin de leur carrière, mais près d’un sur deux choisit une activité associative totalement nouvelle (France Bénévolat - Ifop, 2022). La créativité de cette étape ne doit pas être sous-estimée !

Composer avec ses contraintes et réalités personnelles

La retraite n’est pas qu’un espace illimité. Elle se joue aussi avec des contraintes : santé, finances, famille, disponibilité, mobilités… Ignorer ces paramètres, c’est risquer la déception.

  • Évaluez votre enveloppe budgétaire réelle : de nombreuses activités passionnantes existent à coût modéré (cours municipaux, musées gratuits, bénévolat).
  • Prenez en compte vos petites et grandes fatigues. Ajustez l’ambition des projets à l’énergie réelle du moment.
  • Ménagez du temps pour vos proches. Une nouvelle organisation familiale peut émerger (garde d’enfants, soutien à un parent…). Anticipez les tensions possibles pour conserver votre espace personnel.
  • Intégrez vos limitations physiques (mobilité, santé…), pour opter pour des activités inclusives, locales, ou à domicile.

Concilier aspirations et réalités, c’est le gage d’un épanouissement durable, sans frustration ni regrets.

L’évolution des besoins : se donner le droit de changer d’avis

Les premières années de retraite sont mouvantes. Selon l’OCDE, plus d’un tiers des jeunes retraités changent de priorités dans les dix-huit premiers mois, découvrant parfois des besoins ou des envies inattendus (OCDE Retraites).

  • Ce qui était vital au début (rester très actif, multiplier les projets) peut laisser place à un besoin de ralentissement ou d’introspection.
  • L’inverse se vérifie également : certains, timides au moment de la retraite, prennent confiance pour s’engager ensuite avec vigueur.

L’idée à cultiver : la liberté de faire évoluer sa trajectoire, d’oser bifurquer, d’ajuster les curseurs selon les découvertes, la santé du moment, l’évolution du cadre familial ou amical. La retraite est certes une étape, mais surtout un mouvement.

Pour bâtir sa propre jubilación : quelques inspirations à retenir

  • Se questionner librement : il n’y a pas de “bonne” réponse, seulement la vôtre.
  • Privilégier l’expérimentation plutôt que l’attente d’un idéal parfait.
  • S’entourer : la retraite n’est pas une aventure solitaire, il existe mille réseaux, collectifs, associations pour accompagner l’exploration.
  • Oser l’inattendu : chaque bifurcation peut conduire vers des horizons surprenants — et joyeux.

Identifier ses envies et besoins après la vie professionnelle, c’est moins une question d’outils que d’audace douce, de curiosité et d’indulgence envers soi-même. Le temps de la jubilación commence, tout simplement, par la liberté de se réinventer.

En savoir plus à ce sujet :