Le choix de la retraite : confort de ses passions ou saveur de l’inattendu ?

9 juillet 2025

Retrouver ses passions : un ancrage rassurant, une énergie renouvelée

Selon la DREES, 91 % des nouveaux retraités déclarent s’adonner davantage à leurs loisirs ou passions après la fin de leur carrière professionnelle (source : DREES, 2021). Pour beaucoup, la retraite est d’abord le temps retrouvé des activités délaissées : musique, jardinage, peinture, sport, lecture, bénévolat, cuisine, écriture…

Voici quelques bonnes raisons de se rapprocher de ses passions :

  • Confort psychologique : Retrouver une activité familière permet de conserver une identité forte et d’éviter la perte de repères, fréquente lors du passage à la retraite (source : INSERM).
  • Santé morale et physique : Les passions, qu’elles soient intellectuelles ou physiques, stimulent le cerveau comme le corps, limitant le risque de déclin cognitif ou de troubles anxieux (Société Française de Gériatrie).
  • Lien social : Partager un hobby avec d’autres, dans des clubs ou associations, favorise la création d’un nouveau réseau social après la vie professionnelle.
  • Valorisation : Transmettre son savoir-faire ou ses passions peut donner un sens renouvelé à la retraite : 1 retraité sur 5 s’investit ainsi dans des clubs ou associations liés à ses loisirs (source : France Info).

Quand la passion devient engagement : des exemples concrets

La retraite de Michel, professeur d’anglais, en est un exemple frappant. Son amour pour la langue anglaise ne l’a jamais quitté ; aujourd’hui il anime bénévolement des ateliers de conversation dans une association d’aide aux migrants. Joindre passion et utilité sociale, voilà une équation vibrante !

Même dynamique pour Marie, ancienne infirmière et passionnée de randonnée, qui accompagne chaque semaine des balades pour seniors dans sa région. Ces témoignages illustrent toute la force des passions réinvesties, d’autant que les besoins, dans tous les domaines, sont immenses.

Oser l’inédit : pourquoi la retraite est-elle aussi une invitation à l’exploration ?

Mais faut-il se contenter de cultiver ses repères ? Ce serait passer à côté d’une réalité fondamentale : la plasticité de l’être humain, sa capacité à apprendre et évoluer, quel que soit son âge. Plusieurs études le montrent : tester des activités nouvelles stimule le cerveau, repousse l’ennui et garde l’envie intacte (source : Gérontopôle Nouvelle-Aquitaine).

  • Renouveler sa curiosité : S’autoriser à « débuter » maintient l’ouverture d’esprit, chasse l’apathie et favorise l’estime de soi.
  • Redécouvrir ses capacités d’apprentissage : « Ce n’est plus de mon âge » ? Faux : la plasticité cérébrale perdure jusqu’à un âge avancé (source : Sciences et Avenir), surtout quand on reste stimulé.
  • Apprivoiser l’inconnu : Franchir le seuil d’une activité neuve (langue étrangère, danse, codage, photo, engagement environnemental…) nourrit la confiance en soi et offre parfois des surprises majeures, voire une nouvelle vocation.
  • Nouveaux réseaux sociaux : Changer d’activité crée des occasions de rencontre différentes, parfois intergénérationnelles, qui élargissent les horizons.

Le grand bond des retraités vers l’inédit : chiffres et expériences

En France, plus d’1 retraité sur 4 entame une nouvelle « grande activité » à la retraite, sans aucun rapport avec son parcours antérieur (source : Rapport « Vieillir en France » 2022, Fondation de France). Parmi les parcours atypiques relevés : l’apprentissage du numérique (près de 30 % des retraités s’y initient, d’après l’INSEE), mais aussi l’entrepreneuriat (6 % des créations d’entreprise en 2022 ont été portées par des plus de 60 ans, source : Bpifrance).

Et puis il y a l’engagement : près de 37% des +65 ans déclarent donner de leur temps dans des associations, bien souvent dans des domaines différents de ceux de leur carrière (source : France Bénévolat).

Prenons l’exemple de Jacques, 67 ans, ex-cadre dans une grande entreprise, devenu – à la surprise générale de ses proches – céramiste amateur et chroniqueur sur le web autour de l’artisanat local. Ou celui d’Aïcha, ancienne fonctionnaire, qui a passé son BAFA à 62 ans pour encadrer des activités jeunesse. L’exploration n’est jamais vaine : chaque nouvelle voie, qu’elle paraisse mineure, suscite un épanouissement authentique et parfois, une contribution mémorable.

Se réinventer… sans s’éparpiller : les clés d’un choix équilibré

À première vue, les deux options – approfondir ses passions ou oser l’inédit – pourraient sembler opposées. Pourtant, la réalité est plus nuancée. Selon le baromètre Caisse des Dépôts (2022), parmi les retraités les plus épanouis, 58 % jonglent entre approfondissement d’anciennes passions et expérimentation de nouvelles activités.

Quelques repères pour nourrir sa réflexion :

  • Identifier ses besoins profonds : Cherche-t-on plutôt du réconfort, de la reconnaissance, ou l’excitation de la découverte ?
  • Garder de la souplesse : Rien n’empêche d’alterner périodes de repli sur ses passions et moments d’exploration, en tenant compte de son rythme et de son énergie.
  • Se fixer des objectifs réalistes : Plutôt que tout vouloir faire, mieux vaut privilégier la qualité à la quantité.
  • Accepter l’échec… et le recommencement : Oser explorer, c’est parfois échouer. L’important est de conserver l’élan et le plaisir du chemin parcouru.
  • Valoriser la transmission : Qu’il s’agisse d’une passion de toujours ou d’une compétence nouvellement acquise, la partager aiguise le sentiment d’utilité et nourrit les liens intergénérationnels.

Idées concrètes pour allier ancien et nouveau

La richesse de la retraite réside aussi dans la convergence des horizons. Voici quelques pistes pour conjuguer passions et découvertes :

  1. Rejoindre ou créer un groupe thématique (club, atelier, AMAP, association de quartier) pour s’appuyer sur ses acquis tout en restant ouvert à des profils différents.
  2. Tenter un service civique senior : des missions sur mesure pour retraités sont proposées via France Bénévolat, Passerelles & Compétences, Unis-Cité… L’occasion de (se) surprendre.
  3. Proposer des ateliers de transmission (artisanat, langues, numérique…), où l’on partage une expertise en restant à l’écoute de nouvelles méthodes ou publics.
  4. Prendre des cours dans une université du temps libre (UTL), qui offrent chaque année des centaines de sujets, des sciences à l’histoire de l’art.
  5. Voyager « hors des sentiers battus » : volontariat à l’étranger, échanges culturels, woofing… pour conjuguer dépaysement, engagement et apprentissage.
  6. Participer à des événements intergénérationnels : ateliers numériques, cafés-philo, lectures publiques… pour décloisonner les univers.

Quelques chiffres pour aller plus loin

Données Valeur/Pourcentage Source
Retraités souhaitant continuer à apprendre 65 % France Stratégie, 2023
Retraités s’impliquant dans du bénévolat 37 % France Bénévolat, 2022
Retraités ayant créé une entreprise après 60 ans 6 % Bpifrance, 2022
Retraités déclarant éprouver un regain d’autonomie après une nouvelle activité 70 % IFOP, 2023

Aller plus loin : (Re)trouver du sens et de l’enthousiasme

Faire le choix entre plonger dans ses passions ou bifurquer vers l’inconnu n’est pas une décision définitive, mais un point de départ. Ce qui importe, c’est de préserver l’élan vital qui fait de la retraite un âge de possibilités. En osant revisiter ses envies, conjuguer racines et découvertes, il est possible de continuer à influer positivement sur le monde – qu’il s’agisse de transmettre, d’inventer, de protéger ou de relier.

La société a tout à gagner à valoriser cette capacité unique des (jeunes) retraité·es : conjuguer l’expérience et l’audace, pour que la vie, même « après », ne cesse jamais d’être utile, riche et intensément vivante.

Pour aller plus loin : - France Bénévolat - Passerelles & Compétences - Le Savoir des Aînés – blog - La Retraite en Clair

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