Retraité·e et plein d’élan : écouter ses besoins physiques et émotionnels pour s’épanouir

3 juillet 2025

Un nouveau territoire à explorer : la retraite n’est pas un paysage immobile

Le mot « retraite » évoque parfois, à tort, un horizon qui se rétrécit. Pourtant, cette étape marque le début d’une possible métamorphose : proximité retrouvée avec soi-même, relations à réinventer, capacité d’agir différente. Et tout commence par une question essentielle, trop souvent négligée dans l’effervescence de la transition : comment prendre soin de ses besoins physiques et émotionnels, pour rester vivant·e, engagé·e, pleinement soi ?

Les études sociologiques révèlent que les jeunes retraité·es vivent initialement, dans près de 70% des cas, une « lune de miel de la retraite » : un pic de bien-être, d’énergie et d’optimisme (source : INSEE, 2020). Pourtant, ce palier s’accompagne parfois de questionnements profonds et d’une adaptation nécessaire, surtout en ce qui concerne la santé physique et le bien-être psychologique. C’est donc un terrain d’innovation personnelle où chaque étape mérite d’être vécue avec conscience.

Distinguer et accueillir ses besoins fondamentaux : un premier pas décisif

Écouter son corps au-delà des apparences

Après de longues années rythmées par le travail, les signaux du corps peuvent passer au second plan. Pourtant, ignore-t-on qu’aujourd’hui, près d’un tiers des Français de plus de 65 ans pratiquent une activité physique régulière ? (source : Ministère des Sports).

  • L’activité physique adaptée à son âge n’est plus un luxe, mais un levier essentiel pour préserver son autonomie. La perte de densité musculaire entre 60 et 70 ans est d’environ 15%, mais elle peut être ralentie jusqu'à 40% grâce à la marche, la natation ou le yoga (source : Inserm, 2022).
  • Écouter ses cycles de sommeil : 60% des retraité·es constatent un changement de leur rythme. Accepter ce nouveau tempo, s’y adapter ou l’améliorer (exposition à la lumière naturelle, limiter les écrans) a un impact direct sur la vitalité.
  • L’alimentation : souvent source de plaisir, peut devenir une alliée. L’apport en protéines est à privilégier pour maintenir la masse musculaire, tandis que le calcium nourrit la solidité osseuse. Adapter son alimentation réduit aussi le risque d’apparition de maladies chroniques (sources : Institut Pasteur).

Prendre au sérieux le bien-être émotionnel

La santé émotionnelle, parfois reléguée au second plan pendant la vie active, prend toute sa place à la retraite. Les statistiques sont éloquentes : selon Santé Publique France, près d’un quart des plus de 65 ans ressentent un sentiment de solitude au moins une fois par semaine, et 30% affirment manquer d’activités gratifiantes.

  • Identifier ses aspirations : la fin de la carrière libère du temps. Mais le risque de vide existe. Prendre le temps de mettre des mots sur ses envies profondes, sans se censurer, est la première étape pour recréer un horizon palpable.
  • Reconnaître l’importance du lien social : même les plus introverti·es en ont besoin. S’investir dans des groupes, associations ou projets collectifs multiplie les occasions d’échanger, favorise une meilleure santé mentale, et favoriserait l’espérance de vie (source : PRESAGE Sorbonne).
  • S’autoriser à demander de l’aide : reconnaître des périodes de doute ou de fragilité, et ne pas hésiter à solliciter le soutien d’un professionnel (psychologue, médecin, assistant social) si la charge émotionnelle devient pesante.

Créer un équilibre durable : rythmes, envies, engagements

Prendre soin de son rythme : une nouvelle temporalité à apprivoiser

Après la vie active, la question n’est plus « comment tenir la cadence » mais « de quel rythme ai-je besoin ? ». À la retraite, 80% des Français déclarent redécouvrir la valeur du temps libre (source : Cairn.info).

  • Alterner moments pour soi — lecture, méditation, promenade — et temps partagés avec d’autres.
  • Ne pas s’imposer de nouveaux diktats : la pression du « bien vieillir » peut être pesante. Laisser place à l’imperfection et à la fluctuation des besoins.
  • Pratiquer la « sieste consciente » ou relaxation après un repas : plusieurs études révèlent qu’elle améliore la mémoire et diminue le stress chez les plus de 60 ans (source : Harvard Medical School, 2019).

S’engager, donner, recevoir

  • Le bénévolat est un puissant moteur de santé : Le baromètre France Bénévolat 2023 indique que plus de 48% des bénévoles ont plus de 60 ans. Un temps donné à une association, à un club ou à un voisin, c’est autant d’opportunités de valoriser ses compétences… et de (re)trouver du sens.
  • L’apprentissage tout au long de la vie : La participation à des ateliers de langues, d’informatique, d’histoire ou d’art permet de stimuler la curiosité intellectuelle et de garder une bonne santé cérébrale. Selon l’Inserm, cette stimulation réduit de 30% le risque de démence chez les plus de 65 ans.
  • Accompagner ses proches : une écoute bienveillante, un partage d’expériences, des transmissions intergénérationnelles. Selon une étude du Secours Catholique (2022), près d’un grand-parent sur deux estime que la retraite a renforcé sa relation avec ses petits-enfants.

Des outils et des ressources pour s’épauler

Favoriser l’autonomie, sans s’isoler

  • Les Maisons Sport-Santé (dispositif soutenu par l’Etat) proposent des programmes spécifiquement adaptés aux seniors pour retrouver la forme avec accompagnement médical.
  • Les Clubs de retraité·es et associations locales sont des lieux-ressources : allant des cafés-rencontres à la pratique de disciplines artistiques, en passant par la solidarité numérique (pour apprendre à utiliser internet en toute sécurité).
  • Les réseaux d’entraide (monnaie-temps, Pour Bien Vieillir) permettent de partager ses compétences, solliciter l’aide d’autres, et enrichir son tissu social.

Entretien du corps : ce qui a fait ses preuves

Activité Bénéfices
Marche quotidienne (30 min/jour) Diminution de 20% du risque cardiovasculaire (source : OMS, 2018)
Yoga/Stretching Amélioration de la souplesse, réduction du stress (source : Fédération Française de Yoga)
Natation douce/aquagym Renforcement sans traumatisme articulaire
Jardinage Diminution de la pression artérielle, sociabilisation
Ateliers mémoire (jeux, lecture) Ralentissement du vieillissement cognitif (source : Fondation Recherche Alzheimer)

Oser faire le point : repenser son rapport à soi et aux autres

Cette nouvelle étape de vie invite à s’interroger autrement sur ses envies et ses limites : de quoi ai-je réellement besoin, maintenant ? De quels liens ai-je envie, quelles nouvelles compétences puis-je développer ? Le temps libéré par l’arrêt du travail salarié n'est pas un simple « vide à combler », mais bien une ressource à investir dans son propre équilibre.

  • Prendre le temps de se questionner régulièrement, par écrit ou lors d’échanges avec d’autres retraité·es, sur son bien-être global.
  • Se réapproprier son image : le regard social sur les retraité·es évolue, mais il reste des stéréotypes à faire tomber. Chacun·e peut contribuer à cette transformation par l’exemple. Témoigner, s’impliquer, inspirer, c’est déjà ouvrir la voie à d’autres possibles.

S’ouvrir à de nouveaux horizons

Prendre en compte ses besoins physiques et émotionnels après la carrière, c’est se donner la chance de vivre cette période avec intensité et créativité. Qu’il s’agisse de santé, d’engagement, d’autonomie ou de liens nouveaux, chaque choix posé aujourd’hui nourrit l’énergie et la joie de demain. Se retrouver, s’inventer, s’impliquer : la retraite n’est pas une fin, mais un formidable tremplin vers des formes d’utilité et de bonheur encore inédites.

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